FABRICA DERA LAN

L’usine de laine de Vielha est un exemple représentatif des petites industries textiles qui se sont développées à partir de la deuxième moitié du XX siècle sur les deux versants des Pyrénées centrales. L’usine a été construite à la fin du XIX siècle par Josep Portolés Viló, un habitant de Vielha qui avait appris le métier en France, pays d’origine de la famille de son épouse. Pour la communauté aranaise, la construction de l’usine représente un pas vers la modernisation et un allègement des travaux domestiques pour les femmes de la vallée. La Fabrica dera Lan explique le fonctionnement des machines qui sont actionnées par la force du courant de la rivière Nère pour carder la laine. Pour la première fois dans le Val d’Aran, on peut observer le processus de canalisation de l’eau à travers un canal long d’environ 200 mètres, comment l’eau est stockée dans le bassin du moulin, la façon dont est dosé le passage de l’eau pour actionner les roues du moulin et comment les meules tournent.

Jusèp Portolés Fontà (1904-1987), fils de Rafael Portolés Lafuste, reprit les rênes de l’usine et vécut exclusivement de cette industrie. La fabrication de laine continua jusqu’aux inondations de 1963, qui détruisit une nouvelle fois le canal extérieur de l’usine. À partir de ce moment, les machines commencèrent à fonctionner à l’électricité. Toutefois, la production diminua progressivement, jusqu’à la fermeture définitive de l’exploitation, dans les années soixante-dix. Depuis lors, elle a résisté au passage du temps et à la spéculation foncière grâce à la ténacité d’une personne attachée sentimentalement à l’usine, Isabel Vidal, veuve de Jusèp Portolés Fontà. En 1999, le Conselh Generau dera Val d’Aran décida de racheter et restaurer cet intéressant ensemble patrimonial dans le but d’en faire un témoignage vivant de l’histoire contemporaine du Val d’Aran. Les machines de l’usine avaient pour fonction de transformer la laine naturelle en fil qui puisse être tricoté manuellement. Les habitants de la vallée apportaient la laine propre et sèche à l’usine. Les balles de laine étaient pesées dans une balance romaine ; on se mettait alors d’accord sur le nombre d’écheveaux et la grosseur de fil voulus. La première étape du processus de transformation, dans laquelle intervenaient trois machines, s’effectuait au rez-de-chaussée de l’usine. Tout d’abord, le loup battait, ouvrait et séparait les balles de laine. Puis la carde briseuse transformait les balles en un voile qui, souvent, était également utilisé pour confectionner édredons et matelas. Pour finir, la carde fileuse préparait la laine destinée à former le fil, en divisant le ruban provenant de la carde briseuse en mèches plus fines qui étaient enroulées sur des petits tubes métalliques. La dernière étape du processus de filage avait lieu dans le grenier de l’usine, et faisait intervenir d’autres machines : - La mule-jenny étirait et tordait le fil ; après une pause, elle l’enroulait sur le fuseau. Une seule personne actionnait la machine. Il était indispensable d’observer très attentivement son fonctionnement : si un des fils se brisait, il fallait l’arrêter immédiatement pour ne pas compromettre tout le travail. - Le renvideur tordait le fil et l’enroulait sur une bobine, un cône ou un fuseau, selon la quantité de fil et la grosseur souhaités. - Le processus se terminait avec la machines à écheveaux, qui avait pour fonction d’effectuer la dernière torsion du fil et de former les écheveaux. Pour réaliser cette opération, une barre en fer était enfoncée dans une poutre du toit pour faciliter l’opération qui consistait à tordre les écheveaux.

 

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